L’Afrique compte plus d’un milliard d’habitants dont 40% font partie de la population active. C’est le continent ayant le plus grand nombre de jeunes au monde : 200 millions de personnes sont âgées de 18 à 24 ans et ce chiffre devrait atteindre 830 millions à l’horizon 2050. Selon le rapport de l’Organisation International du Travail de 2016, le nombre global de jeunes chômeurs devrait augmenter d’un demi-million cette année pour atteindre 71 millions. Pour pallier à cette augmentation, il est indispensable que le secteur privé aide le secteur public qui ne pourra pas à lui seul fournir suffisamment d’emplois. Aujourd’hui, les petites et moyennes entreprises structurent l’économie africaine. Elles constituent environ 80% des entreprises du continent dont le développement futur est une fonction croissante de celui de ces PME/PMI car ce sont elles qui favorisent le plus la création d’emploi.
En cette fête du travail nous allons parler d’un marché qui est en plein essor et dont vous ne soupçonnez certainement pas le potentiel : le marché du divertissement. Il est composé de la musique, du cinéma et des jeux vidéo. A la fin des années 2000, l’édition, la musique et l’audiovisuel employaient 4000 personnes en Côte d’ivoire et en 2007 ils rapportaient déjà 76 milliards de francs au Mali (environ 115 millions d’euros). L’Afrique a de plus en plus besoin de ce type d’industries qui sont de grosses créatrices d’emploi et surtout de main d’œuvre non délocalisable. Prenons le cas de l’organisation d’une tournée, au-delà de l’artiste il y a de gros besoins de professionnels (agent de sécurité, logistique, transport ou encore éclairage pour ne citer qu’eux) qui pour des besoins d’efficacité par exemple seront locaux.
Les deux premiers pans du marché du divertissement sont les plus connus et les mieux implantés. En ce qui concerne la musique, depuis plusieurs années, les entreprises internationales de streaming tels que Universal, Deezer ou encore Apple envahissent le marché africain mais de nombreuses start-ups africaines ont également vu le jour notamment le distributeur nigérien de musique digitale iRocking qui espère atteindre les 10 millions d’utilisateurs en 2018.
Au Nigéria, le marché du divertissement au sens large devrait représenter 1 milliard de dollars d’ici quelques mois. Dans le domaine du cinéma, désormais renommé Nollywood, l’industrie nigériane représente 3% du PIB du pays et est depuis 2009 la deuxième productrice de films après Bollywood mais devant Hollywood. 2 000 films sont produits chaque année et sont regardés par près de 150 millions de personnes. De nombreuses productions ont des budgets de plus d’un million de dollars et le secteur est le deuxième créateur d’emploi du Nigéria derrière l’agriculture.
Le marché du jeux vidéo à lui seul a un chiffre d’affaire dans le monde plus important que celui de la musique et du cinéma réunis. Selon un rapport de Newzoo, le marché mondial des jeux vidéo génère un chiffre d’affaire global de 99,6 milliards $. Cette année, pour la première fois, le jeu vidéo mobile a une part de marché plus importante que celle du PC avec 36,9 milliards $. D’après ce rapport, le marché du jeux vidéo pèsera 118,6 milliards $ en 2019 dont 52,5 milliards $ seront rapportés par les jeux vidéo mobiles. Un rapport du même cabinet évalue les 10 marchés principaux du continent à plus de 300 milliards de Fcfa. A la tête du classement, le Nigeria (33eme mondial) représente à lui tout seul un marché d’une valeur de près de 180 millions de dollars. Cet essor est possible grâce au marché de la téléphonie africain qui est deuxième au monde en termes d’usagers. Il a connu un bond de 70,34% entre 2010 et 2015. Un chiffre qui va croître encore, pour atteindre 725 millions d’abonnés d’ici 2020, et ce principalement au Nigeria, l’Éthiopie, l’Égypte, le Kenya, la Tanzanie, la République démocratique du Congo et l’Algérie. En 1996, le premier studio indépendant du continent africain, Celestial Games, crée un jeu nommé « Toxic Bunny ». Le jeu totalise 7000 ventes en Afrique du Sud et plus de 150 000 en Pologne, en France et aux Pays-Bas. Au Cameroun, le studio Camerounais Kiro’o Games a sorti son premier jeu vidéo, « Aurion : l’héritage des Kori-Odan », courant 2016 qui est le fruit de plus de 10 ans de travail. Le jeu s’inspire des contes et mythologies africains et plus particulièrement camerounais. Au Nigéria, Bayo Puddicombe a créé la première entreprise de jeux pour mobiles. L’un de leur succès est le jeu « Jagun » qui comptabilise plus de 100 000 téléchargements en quelques mois. Certains décident de mêler l’éducation au ludique comme le sénégalais « Cross Dakar City » qui sensibilise sur les dangers de la route, le kenyan « Mosquito Hood » qui traite des transmissions de maladies par les moustiques ou encore « African Highland Farmer » qui vous apprend à investir pour faire grandir une exploitation agricole dans les montagnes de l’Est.
L’Afrique a énormément à apporter à l’industrie du divertissement et plus particulièrement des jeux vidéo. En terme de créativité, sa culture riche, diversifiée et encore très peu utilisée est un atout de taille pour la conception de nouveaux jeux. Au niveau de la population, un africain sur trois fait désormais partie de la classe moyenne et la croissance de l’Afrique – à laquelle ce secteur pourrait largement contribuer – n’a de cesse d’améliorer le pouvoir d’achat sur le continent ce qui rendra les produits de plus en plus accessibles à une grande majorité de personnes. Enfin, l’Afrique est le continent qui a la population la plus jeune au monde. Autrement dit, elle est un vivier de main d’œuvre pour ce secteur et est constituée de la population cible parfaite visée par ce marché.