Le Président togolais Faure Gnassinghé a lancé solennellement le Plan National de Développement (PND) à Lomé le 04 Mars dernier. Son objectif est d’atteindre au moins 5,2% de croissance d’ici 2022 en se basant sur les taux réalisés par le pays ces dernières années, même si le gouvernement et certains experts pensent que le pays pourrait même atteindre un taux de croissance de 6,2% grâce au PND.
Le Plan National de Développement comporte trois axes principaux. Le premier concerne le développement ainsi que l’amélioration des infrastructures déjà existantes afin de créer un hub logistique et un centre des affaires de premier ordre dans la sous-région. Ensuite le PND prévoit de développer le secteur secondaire (industries manufacturières, construction) avant de d’investir dans le tertiaire (services). Cela se fera notamment à travers la création de pôles de transformation agricole, d’industries extractives et de manufactures. Enfin, le PND a une visée sociale et mettra à la disposition des togolais des formations professionnelles diverses. Les entreprises seront-elles aussi mises à contribution au niveau de la responsabilité qu’elles ont envers leurs salariés (protection sociale) et le reste de la population.

La communauté financière internationale se montre très emballée par le projet et de nombreuses personnalités et acteurs économiques africains étaient d’ailleurs présents lors du lancement.
- Ade Ayeyemi, président d’éco Bank
- Gilbert Houngbo, président du FIDA (Fond International de Développement Agricole), un des fonds des nations unies les plus importants en charge de la lutte contre la pauvreté
- Carlos Lopes, Ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies
- Lionel Zinsou, banquier d’affaires et ancien PM du Benin
- Patrick Sevaistre, enseignant HEC Paris, conseiller auprès de l’union européenne, et chargé de relation du CIAN (Conseil des investisseurs français en Afrique)
Qu’en est-il du financement?
Le Plan National de Développement coûtera 4 622,2 milliards de FCFA. Si la question du financement reste en suspens, le premier tiers sera financer par le secteur public. Le Togo mise sur le secteur privé pour les deux tiers restant soit 64,9% (2 999,1 milliards de FCFA). Ce point d’interrogation ne rend pas le projet moins réaliste et ne met pas non plus le pays en position de faiblesse. Lionel Zinzou a fait un discours remarquable sur le sujet lors de la soirée de lancement.

« On ne dit pas si l’investisseur sera français, turcs, brésilien, coréen, marocain, sud-africain… car aujourd’hui l’Afrique a le choix du partenaire ! Nous ne sommes pas dans la mendicité de notre développement mais dans l’exhibition de notre croissance. Nous sommes l’un des continents les plus profitables dans toutes les comparaisons internationales ! L’Afrique est le deuxième continent le plus croissant et l’UEMOA est la zone la plus croissante de de l’Afrique ! »
Togo, un projet jugé trop ambitieux ?
L’histoire même du Togo ainsi que son rôle majeur dans la signature des premiers accords de la CEDEAO devraient suffire seuls à crédibiliser le projet mais le point qui conforte le plus la communauté internationale quant à la faisabilité du PND est le fait qu’il a déjà commencé depuis des années. Les résultats parlent d’eux-mêmes. En effet, le Togo possède un taux de croissance élevé et malgré une légère baisse en 2017, le pays a terminé 2018 avec 4,7% de croissance. Alors contrairement à l’avis de nombreux détracteurs qui jugent le projet trop ambitieux, augmenter un taux de croissance de 4,7% à 5,2% est plus que réaliste. D’autant plus que le pays dispose déjà de nombreuses infrastructures notamment le port en eaux profondes de Lomé qui est un atout majeur pour la région. S’ajoute à cela le très bon classement dans le rapport « Doing Business » des 10 Etats ayant menés le plus de réformes pour améliorer l’environnement des affaires dans leur pays. En Afrique subsaharienne seul le Togo et trois autres pays (Rwanda, Kenya et Côte d’Ivoire) figurent dans ce classement.
Il reste désormais à trouver des débouchés pour la jeunesse. Le Premier Ministre du Bénin déclarait à juste titre lors du FIAD « Notre croissance n’arrive toujours pas créer de l’emploi. Et un des scandales de tout ce développement est que dans mon pays, des ingénieurs chimistes diplômés font le mototaxi ». La création d’emploi pour la jeunesse est le prochain défi de notre continent.