11 entraineurs africains pour la CAN, un record!

Cette année plusieurs sélections africaines ont fait confiance à leurs compatriotes et sur les 24 équipes alignées, 11 entraineurs sont du continent.

 

C’est un record pour les entraineurs africains à la CAN 2019. Une réelle évolution du nombre par rapport à la dernière compétition au Gabon où ils n’étaient que 4 sur 16. Une représentativité qui passe ainsi de 25% en 2017 à 46% en 2019. Ces entraineurs sont tous des locaux de ces pays à l’exception de celui de la Tanzanie.

Une tendance qui prouve que les fédérations africaines reconnaissent le potentiel de ces sélectionneurs considérés dans le passé comme moins compétents que les expatriés. Le surnom donné à ces entraineurs blancs en est un indicateur : sorcier blanc. Ceci révèle le degré d’ésotérisassion de la gestion des équipes chez les Africains.

Chacun se dit que son semblable qui a vécu sur le même continent, qui connait les réalités locales, qui est plus fier de la victoire que de la rémunération pour le service rendu n’est pas assez « qualifié » pour le poste. Pourtant dans les clubs à travers le monde, où ces hommes ont évolué pendant leurs carrières, ils étaient classés parmi les meilleurs joueurs.

Quand bien même ils sont recrutés à ce poste, ils sont moins payés que les expatriés. Une restriction salariale qu’ils acceptent malgré eux. Le mobile idéal de la supercherie est l’esprit patriotique. Les fédérations usent de cette astuce pour faire des économies au détriment du bien-être de ces compatriotes qui œuvrent pour le rayonnement national.

Les mains presque liées les sélectionneurs africains se surpassent pour assurer de bonnes performances. C’est ainsi qu’ils perçoivent des salaires dérisoires, comme celui de l’entraineur burundais qui reçoit 295 200 F par mois (soit 450 euros), face aux expatriés à qui l’on verse des sommes astronomiques.  Jusqu’à 70 843 000 F par mois (soit 108 000 euros) pour le sélectionneur mexicain de l’Egypte et son prédécesseur en demandait même plus (125 000 euros par mois).

Un fossé énorme qui est souvent justifié par la conjoncture économique nationale par certains instigateurs. Le pays africain qui fait le plus d’effort pour assurer un salaire compétitif à son entraineur est l’Algérie avec un peu plus de 36 millions de francs (soit 55 000 euros).

Des Africains qui défendent les couleurs des Africains

En 2019, les pays qui font confiance aux Africains ne sont pas les moins primés ou les moins réputés. Ils relèvent le défi de produire de bons résultats face aux autres.

sadio Mané -et- Aliou cisse-

  • Le Sénégal

Aliou Cissé donnant des instructions à Sadio Mané, Orange football club, juillet 2019

Il est officiellement le premier pays africain au classement mondial de la FIFA en 2018. Les Lions de la Téranga occupent les meilleures places de ces classements internationaux depuis bientôt 3 ans grâce à Aliou Cissé. Ancien joueur de la sélection nationale, il veut insuffler à l’équipe l’esprit de combativité qui avait conduit le Sénégal aux quarts de finale de la coupe du monde en 2002. Une coupe du monde à laquelle il a permis à ses poulains de se qualifier en 2018, après une période d’absence de 16 ans. A la dernière CAN au Gabon, ses protégés avaient atteint les quarts de finale avant d’être éliminés par le Cameroun. Le Sénégal a entamé la compétition en favori et veut prouver au continent qu’il est capable de soulever le trophée le 19 juillet prochain avec Aliou Cissé comme coach. Sa place en finale le montre bien.

Belmadi- meilleur coach de la phase des poules

  • L’Algérie

Belmadi élu le meilleur entraineur de la phase des poules par la CAF, DZ Ballon, juillet 2019

La sélection algérienne a dû user d’arguments pour être dirigée par Djamel Belmadi. L’appel patriotique a eu raison de celui qui était encore il y’a quelques années l’entraineur de Lekhwiya. Avec le club de l’émir du Qatar, il a remporté le championnat national à 4 reprises. En 2019, il classe son équipe 1ère du groupe C et se qualifie avec brio pour les 8e de finale. La belle histoire du sélectionneur continue jusqu’en finale de la compétition qui l’oppose au Sénégal le 19 juillet.

Ibrahim Kamara lors d'une séance d'entrainement avec les Elephants

  • La Côte d’Ivoire

Ibrahim Kamara lors d’une séance d’entrainement avec les Eléphants, Sport ivoire, avril 2019

Les vainqueurs de la CAN 2015 avec Hervé Renard, ont opté pour un fils du terroir depuis 2018, avec Ibrahim Kamara. L’entraineur était déjà l’adjoint des entraineurs expatriés depuis plusieurs années et a également assuré l’intérim au poste en 2017, à la suite du départ de l’entraineur titulaire. Le pays des Eléphants mise donc sur l’expérience de cet habitué des grands enjeux. Il a auparavant, en 2013, mené les U 17 à remporter la CAN de la catégorie. Un meneur d’équipe pleine de ressources qui permet à la Côte d’Ivoire d’être le 2e de son groupe au premier tour de la compétition. Le pays arrive aux quarts de finales avant d’être éliminé par l’Algérie.

  • Le Ghana

James Kwesi Appiah lors d’une conférence de presse, juin 2019, Getty Images

Un autre favori de la compétition, Le Ghana, vainqueur de quatre CAN et finaliste à cinq reprises, fait confiance à un africain. James Kwesi Appiah est le moteur qui a fait tourner la sélection ghanéenne pour lui faire occuper la 1ere place du groupe F devant le Cameroun, tenant du titre. Aux commandes depuis 2013, il devient en 2014 le premier entraineur noir à qualifier les Blacks Stars à une coupe du monde. Un passage assez réussit dans cette compétition car le Ghana atteint les quarts de finale. A la CAN de 2019, le pays est éjecté aux 8e de finale mais a montré un beau spectacle sur l’aire de jeu.

Florent-Ibenge-donnant des instructions pendant un entrainement

  • La RDC

Florent Ibenge pendant une séance d’entrainement, Africa Top sport, juin 2019

Le pays fait confiance depuis 5 ans à Florent Ibenge, un record de longévité par rapport à ses collègues dans la compétition. Si le congolais de 57 ans préside toujours aux destinées de la RDC, c’est à cause de l’efficacité qu’il a fait acquérir à l’équipe. A la dernière CAN, les Léopards sont allés jusqu’à la demi-finale qu’ils ont perdu contre la Côte d’Ivoire. En 2016, ils avaient déjà pu remporter le Championnat d’Afrique avec Ibenge. En Egypte, la sélection est stoppée aux 8e de finales par Madagascar.

Magassouba Mohamed en conférence de presse

  • Le Mali

Mohamed Magassouba en conférence de presse après une défaite contre la Côte d’Ivoire, Afrik soir, juillet 2019

Les Maliens ont exprimé leur désir de vaincre et remporter la coupe dès les éliminatoires de la CAN. Ils sont alors les premiers de leur groupe. Un rang qu’ils occupent également au premier tour des hostilités de la compétition et se qualifie en tête du groupe E. L’artisan derrière ces performances est Mohamed Magassouba. Il n’est pas connu dans les grands stades européens mais ce malien de 61 ans a considérablement reformé le football de son pays depuis le départ du sélectionneur français Alain Giresse, en 2017. En 8e de finale de la CAN 2019, il est évincé par la Côte d’Ivoire.

Les autres pays ayant sur leurs bancs un africain sont :

  • La Guinée Bissau dirigée par Baciro Candé
  • Le Zimbabwe sous la houlette de Sunday Chidzambwa
  • Le Burundi encadré par Olivier Niyungeko
  • La Namibie chapeauté par Ricardo Manetti
  • La Tanzanie menée par le Nigérian, Emmanuel Amunike.

Ces entraineurs ont eu moins de chance et voient leurs équipes éliminées au premier tour de la compétition. Mais ce n’est que partie remise pour ces équipes qui cherchent encore leurs marques dans cette grande rencontre du football africain.

burundi_niyungeko_en conférence de presseOlivier Nyungeko, entraineur du Burundi, football 365, mars 2019

Sur le continent africain, il ne manque pas de talents pour l’encadrement des footballeurs. Certaines fédérations continuent néanmoins de verser des sommes exorbitantes à des expatriés qui ne font pas souvent mieux à ce poste que les locaux. Pourtant ces fonds pourraient servir à bien organiser les championnats locaux et rehausser la qualité du football pratiqué en Afrique. Plus loin les sommes excessives pour des sélectionneurs dit « de renom » parce qu’ils sont expatriés peuvent être économisées pour en payer un au niveau local et même régler l’épineux problème des primes de matchs   des joueurs. De plus, les deux pays en finale ce 19 juillet sont dirigés par des sélectionneurs africains. Oui l’Afrique peut !

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