Des artistes camerounaises mettent en marche une dénonciation des effets néfastes de la dépigmentation de la peau et invitent les autres femmes à valoriser leurs peaux noires.
Mani-Bella avant et après, Le Bled parle, juin 2019
Dans les carrefours des villes camerounaises, les produits éclaircissants sont présents sur les panneaux publicitaires. Des photos de femmes, presque métisses, incitent leurs semblables à sauter le pas de la dépigmentation. L’appât de la beauté « factice » en prend plus d’une au piège. En 2019, une étude de la Socaderm mené dans la ville de Douala, capitale économique du pays, révèle que sur 10 000 personnes approchées, 27,8% utilisent des produits éclaircissants. Cet échantillon de la population était âgé de 15 à 50 ans. Des résultats qui montrent l’ampleur de cette pratique qui en fait un problème social.
Les victimes du « djansang », nom attribué à la dépigmentation de la peau par les populations, se réveillent peu à peu de leurs rêves trompeurs. Elles multiplient les appels à l’endroit de celles qui persistent encore dans ce reniement de la beauté africaine. Au mois de juin dernier, l’une des figures de la mode « djansang » Mani Bella a publiquement jeté l’éponge.
Chanteuse à succès et très aimée par les mélomanes, elle la jeune femme dénonce ouvertement le blanchiment de la peau sur sa page Facebook. Elle demande aussi aux chimistes de chercher plutôt à valoriser la peau noire au lieu de la dénigrer en composant des produits pour la blanchir.
Elle ne se cache pas de citer les effets indésirables du « djansang » qu’elle a subit en quelques phrases faisant écho à son titre « Pala pala » qui a longtemps fait vibrer les hits parades Africains. « Les orteils brûlés fini oooo, les dépenses fini ooooo, avoir peur du soleil fini oooooo, la destruction de ma peau c’est terminé » pouvait-on lire. Une description un peu comique mais qui décrit le calvaire de ces milliers de femmes camerounaises qui sacrifient la santé de leurs peaux pour une pseudo beauté.
Un coût élevé également côté finance que Véronique Mani Bella dénonce. « 500.000 frs cfa c’est la somme que le ndjansang allait me prendre du mois de juin au mois de décembre de cette année 2019 » ajoute- elle. Une somme colossale pour ces concitoyens dont certains ne gagnent qu’un SMIC fixé à 36 500F.
Mani bella aime plus que jamais la beauté de sa couleur de peau, Facebook officiel, juin 2019
Mani bella aime plus que jamais la beauté de sa couleur de peau, Facebook officiel, juin 2019Mani bella aime plus que jamais la beauté de sa couleur de peau, Facebook officiel, juin 2019
La beauté de son teint ébène retrouvée, Mani Bella l’associe à ce post pour que nul n’en ignore. Un coming out qui pourrait convaincre d’autres stars qui n’assument pas encore leur carnation naturelle. Véronique Mani est rejoint dans sa lutte « anti djansang » par Coco Argentée, une autre chanteuse célèbre. Les fans attendent et scrutent ses profils sur les réseaux sociaux pour « vérifier » son ralliement total à la cause.
Coco Argenté, page officielle Facebook, juin 2019
En Afrique plusieurs pays ont déjà interdit sur leur territoire la commercialisation des produits éclaircissants qui en dehors des désagréments inesthétiques causent des maladies de la peau. Après la Côte d’Ivoire, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Ghana, le Cameroun serait peut-être le prochain sous l’impulsion du désormais « mouvement anti- djansang ».