Panzi est l’adaptation cinématographique du livre éponyme écrit en 2014 par Denis Mukwege et Guy-Bernard Cadière.
Denis Mukwege et Djimoun Hounsou, page Facebook de Panzi, novembre 2018
Panzi, c’est aussi l’hôpital que dirige Denis Mukwege depuis près de 20 ans à Bukavu en République Démocratique du Congo. Le film annoncé pour 2020 raconte l’histoire de ce gynécologue obstétricien et son ami belge. Dans cet hôpital, ils passent leurs journées à reconstruire des femmes victimes de viol et de mutilations. Cette pratique est courante dans les régions en proie à une instabilité sécuritaire. Depuis plusieurs années la zone est investie par des groupes rebelles. Le film montre aussi le degré d’engagement des deux médecins qui mettent leur vie en péril en restant dans l’hôpital, qui est souvent la cible des groupes armés.
Un projet cinématographique qui en a convaincu plus d’un. L’acteur béninois Djimoun Hounsou a accepté de jouer le rôle de Denis Mukwege dans le film. Ce qui fait de Panzi, sa première participation à un film non-hollywoodien depuis sa reconnaissance internationale. Cette interprétation est une victoire pour la maison de production 1 Divided Films qui voulait un acteur connu pour amplifier le message transmis par le combat des deux médecins.
En novembre 2018, sur le compte YouTube du film, l’on apprend que Djimoun a passé une semaine avec Denis Mukwege à Bukavu. Ce séjour lui a permis de s’imprégner de l’atmosphère de travail du médecin et de comprendre sa personnalité afin de mieux interpréter son rôle. L’acteur plusieurs fois nominé aux Oscars y mettra tout son talent pour que Panzi ouvre les portent les plus fermées pour faire connaitre l’histoire des femmes mutilées et d’éveiller les consciences.
Le récit met en lumière le destin exceptionnel de ces deux hommes qui ont inversé le cours de l’Histoire. Ecrit par Marie Hélène Roux et Réné Lemoine, ce film est aussi engagé que le combat de Denis Mukwege. Panzi veut montrer l’horreur que peut vivre les femmes violées et mutilées qui sont parfois stigmatisées par leur propre société. La productrice Cynthia Pinet déclare d’ailleurs à ce sujet : « la barbarie consiste à utiliser et détruire le corps d’une femme. Avec le viol une femme est détruite et rejetée, et une famille est annihilée ». Ce film est aussi un projet social car la maison de production a pu seulement racheter les droits pour adapter le livre mais les autres financements proviennent du don des personnes sensibles à l’initiative ainsi que des internautes.
Denis Mukwege et des pensionnaires de l’hôpital de Bukavu, Congo actuel, 2018
L’introduction d’une loi aux Nations Unies pour la reconnaissance du viol comme arme de guerre, en 2019, est en partie due aux efforts de Denis Mukwege. Il est aussi l’impulseur de la création du Fonds mondial d’aide aux victimes de violences sexuelles. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au cours des assises sur les violences sexuelles faites aux femmes a appelé tous les États membres à y contribuer. Pour permettre d’accomplir la mission qui lui est assignée « afin que ce fonds puisse transformer la vie des personnes touchées et leur offrir une forme de réparation ».
Une réparation qui ne peut jamais être complète, c’est ce dont est conscient le médecin congolais qui dit travailler « pour restaurer la dignité des femmes ». A nos jours « l’homme qui répare les femmes » a déjà contribué à l’opération de plus de 45 000 femmes violées dans son hôpital à Bukavu. La lutte pour le changement de mentalité et la fin de ces violences se poursuit dans les salles de cinéma en 2020 avec Panzi.