Un mémorial pour commémorer l’abolition de l’esclavage à Bordeaux

A l’occasion de l’anniversaire de la fin de l’esclavage en France, une statue représentant une jeune esclave a été érigée au quai de la ville de Bordeaux.

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Statue de la jeune esclave d’Afrique de l’est, Afrikblog, mai 2019

Al Pouessi, renommée Modeste Testas par son propriétaire, est la figure qui rappelle l’histoire de la traite des noirs aux habitants de Bordeaux depuis le 10 mai 2019. Pour Laurraine Manuel Steed, la descendante d’Al Pouessi présente à l’inauguration, c’est un devoir de mémoire que la ville devait à son aïeule. Venue par les bateaux négriers en provenance de l’Afrique de l’est avec des milliers d’autres noirs, Al Pouessi a été achetée par deux frères bordelais qui l’ont vendu plus tard à un propriétaire terrien. La jeune esclave travaillait dans les champs à Saint Domingue. C’est grâce aux histoires qui sont racontées à Laurraine par ses parents que la jeune haïtienne a pu retrouver les traces de son aïeule en France.  Elle a confectionné une esquisse de portrait de cette dernière et l’a présenté à Caymite Woodly, l’auteur de la statue.

Mesurant 1,70m et recouverte de bronze, la représentation de la jeune esclave s’impose sur le quai de Bordeaux comme l’impossible négation de l’apport de l’Afrique au développement de cette ville. Jadis marginalisée et réduite au silence, Al Pouessi porte désormais la voix de plus 150 000 esclaves déportés à Bordeau. Des bâtisseurs de la prospérité de cette ville, à travers la production de café, de sucre et de rhum, qui ont désormais le droit d’être vu et reconnu comme tels.

esclaves travaillants dans un champ de cannes à sucreDes esclaves travaillant dans un champ de cannes à sucre

Le même jour à Paris, Emmanuel Macron annonçait la construction d’un mémorial en 2021 au jardin des Tuileries, le lieu où Victor Schoelcher décréta l’abolition de l’esclavage en France. Une reconnaissance du tort causé à l’Afrique qui ne doit pas seulement être visible dans la construction de mémoriels. Elle doit aussi conduire à un respect de l’autonomie de ce continent qui continue de souffrir des pressions capitalistes sur ses propres richesses dont elle n’est pas libre de disposer à sa guise.

 

Une commémoration pour que les Européens ne nient plus l’histoire de l’esclavage qui est aussi la leur avant d’être celle des Africains. Des Africains qui ont contribué au développement de l’Europe en mettant entre parenthèse le leur, affaiblis par la perte des hommes et femmes qui se comptent en termes de millions. L’esclavage dans l’histoire du continent doit aussi être une référence pour chaque Africain, une invite à plus travailler pour ne plus jamais devenir la propriété d’un tiers de quelque couleur qu’il soit.

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