Les agriculteurs nigériens connaissent une amélioration de leur culture et un allégement de leurs efforts physiques grâce à cette technique novatrice qui leur permet de gérer efficacement leurs champs à l’aide d’un téléphone portable.
Un maraicher installant son dispositif d’irrigation , Télé-irrigation.net, 2015
Le Niger est un pays de l’Afrique de l’ouest, au climat aride, où une goutte d’eau est très précieuse. Sa superficie est estimée à 1 267 000 km² dont les 2/3 sont désertiques. En saison sèche, les maraichers peinent à répondre à la demande en vivres de leurs clients à cause de la rareté de l’eau pour arroser leurs cultures. Mais depuis 2013, les centaines de clients de Tech-Innovation Sarl sont à l’abri de cette difficulté avec la télé-irrigation.
Cette start-up, qui a obtenu le prix Hassan II au Forum mondial de l’eau 2015 en Corée du Sud. Cette distinction est décernée tous les 3 par le royaume du Maroc et le conseil mondial de l’eau. L’initiative a pour objectif de promouvoir une gestion durable des ressources en eau pour assurer une sécurité hydraulique.
Elle propose aux agriculteurs un dispositif d’irrigation totalement automatisé. Il est composé de tuyaux de canalisations dans les champs reliés à une source d’eau et un boitier de paramétrage connecté au système grâce à une puce. Le dispositif d’alimentation en eau se met en marche quand son propriétaire émet un appel et compose son code de déclenchement.
Le mécanisme est d’autant plus efficace qu’il est associé à des nanocapteurs dans le sol qui collectent des informations hydrauliques et météorologiques pour envoyer la quantité nécessaire d’eau dans les vans. Une précision des données obtenue par une analyse réalisée en collaboration avec des hydrologues de l’Université de Niamey.
Le promoteur, Abdou Maman Kané, informaticien et fils de paysan, veut également par cette initiative réduire les efforts physiques déployés par les Nigériens dans les travaux champêtres. « Les agriculteurs n’utilisent souvent aucune machine pour irriguer leurs champs, ils sont contraints de consacrer les deux tiers de leur temps à cette activité, ce qui est énorme. » s’exclame-t-il.
La mécanisation de l’activité lui apparait alors comme un facteur important pour améliorer le quotidien du producteur. Il explique aussi que l’automatisation du système permet à l’agriculteur de mettre en marche son irrigation même s’il n’est pas sur les lieux. Il est ainsi libre de mener d’autres activités génératrices de revenus ou de gérer une autre étape de la chaine de valeur de son produit comme la commercialisation, la transformation ou la livraison aux détaillants ou aux clients.
Tech-Innov tranche avec les autres procédés d’irrigation classiques car en plus de pouvoir être activé sans effort il est respectueux de l’environnement. Le dispositif fonctionne avec de l’énergie solaire et évite aux producteurs d’utiliser du carburant qui pollue parfois les nappes phréatiques.
Accompagnement des maraichers démunis
Tech-Innov poursuit son objectif de faciliter la vie des populations rurales selon la vision de son promoteur. Pour son dispositif de télé-irrigation qui coûte 250 000 FCFA, l’entreprise assure un accompagnement des paysans qui émettent le vœu de l’acquérir. Il a tissé des relations avec des microfinances nigériennes en vue de faciliter l’accès au crédit à des taux réduits pour ces paysans. Il propose aussi aux Nigériens d’autres produits comme une citerne d’eau potable pour la consommation domestique, des fertilisants dits intelligents et une plateforme d’information des agriculteurs qui peuvent avoir des réponses à leurs différentes préoccupations.
Maquette du dispositif global de tech-Innov pour les agriculteurs, Télé-irrigation.net, 2015
Dans un contexte africain porté vers la modernisation des méthodes agricoles avec l’aide du numérique, le Niger se révèle plutôt en avance. Avec la télé-irrigation de Tech-Innova, les maraichers peuvent aisément pratiquer une agriculture de contre saison productive et moins pénible. Le projet télé-irrigation aide aussi à répondre au problème d’insécurité alimentaire qui mine le pays. Les informations collectées par les nanocapteurs peuvent aussi servir aux études météorologiques dans les régions couvertes. Ce qui est d’une grande aide dans l’évaluation des changements climatiques dans ce pays et pour toute l’Afrique, la première vulnérable de ces bouleversements de la nature.