Le dispositif high tech permet d’évaluer le nombre d’agent pathogènes responsables du paludisme sans la moindre prise de sang.
Le dispositif de diagnostic de Matibabu, Matibabu, novembre 2018
Matibuba est une solution de diagnostic du paludisme en 2 minutes seulement crée par des étudiants de l’Université Makerere de Kampala. Cette alternative vient considérablement réduire la durée de prise en charge d’un cas de paludisme dans les hôpitaux ougandais. Jusqu’à présent, il fallait attendre 15 minutes au moins, avec le Test de Diagnostic Rapide et plus encore avec les tests classiques pour savoir si un patient était atteint ou non de paludisme.
Le facteur temps est aussi important pour une efficacité optimale de traitement de cette maladie très présente dans le pays. En 2017, l’Ouganda a enregistré plus de 5100 décès dus au paludisme. La majorité des victimes étaient des enfants. C’est pour aider à un renversement cette tendance que Brian Gitta a pensé à Matibabu.
Dans son enfance, le jeune homme a souffert du paludisme, à une fréquence élevée, et a développé une phobie des aiguilles. Il en est de même pour plusieurs enfants, qui résistent aux piqûres. Leurs prélèvements sanguins demandent souvent plus de personnes et de temps. C’est la raison pour laquelle Brian et son équipe proposent un kit d’analyse sans piqûre.
Le patient doit simplement poser son doigt sur un détecteur à infrarouge relié à un smartphone spécial appelé Matiscope. Les rayons diffusés traversent la peau et font une recherche et une analysent des globules rouges. Ceux atteints par la maladie sont reconnus grâce à leur forme qui est modifiée par l’action de l’agent pathogène, plasmodium. Leur structure chimique est également différente. Les résultats sont envoyés à un serveur et analysés par l’application Matibabu qui donne le nombre de globules infectés.
Cette précision permet de plus d’avoir une référence pour le dosage du traitement à prescrire au patient par les médecins. La simplicité de la démarche permet à Matibabu d’être utilisé par d’autres personnes en dehors du personnel de santé. Ces derniers arriveront ainsi à l’hôpital avec un diagnostic déjà établi et passeront directement à la prise en charge.
Il est aussi possible aux développeurs de l’application de lancer une alerte au personnel de santé quand la prévalence est élevée dans une localité. Cette appréciation est faite grâce à une localisation géographique de tous les tests effectués. Quand les cas de paludisme sont en hausse dans une localité les services de santé peuvent intensifier la sensibilisation sur les bonnes pratiques pour l’éviter.
Si des vérifications des résultats de Matibabu sont toujours faites par les concepteurs, c’est pour améliorer la fiabilité de son diagnostic. Le dispositif ne peut encore détecter que 80% des globules malades. Un pourcentage qui sera amélioré prochainement selon l’équipe, afin d’atteindre le cap des 99% requis par les normes internationales. Elle a entamé depuis l’an dernier une levée de fonds pour commercialiser l’application. Mais aussi pour développer d’autres fonctionnalités pour diagnostiquer des maladies détectables dans le sang comme la leucémie.
Phase d’expérimentation de Matibabu, matibabu.io, 2017
Depuis 2013 que Matibabu existe, ses promoteurs n’ont cessés de travailler en partenariat avec les agents de santé pour éradiquer le paludisme de l’Ouganda. Dans les hôpitaux impliqués, des centaines de patients ont pu bénéficier d’un diagnostic en un temps record. Le « centre médical », explication en swahili du nom de l’application, n’en a pas fini avec la lutte contre le paludisme, qui est en Afrique la première cause de mortalité infantile.