Des plus en plus d’influenceuses de mode feignent d’être de race noire pour avoir plus de vues pour leurs tutoriels de beauté et de followers.
De la peau blanche à la peau noire il n’y a qu’un pas pour les influenceuses d’Instagram, Twitter, 2018
Sur les réseaux sociaux, elles ont une peau à la coloration foncée, ont les traits morphologiques des noires, se coiffent comme des noires mais ne sont nullement noires, encore moins métisses. Le terme choisi pour les désigner par la toile est « Blackfishing ».
De véritables poupées fabriquées au bistouri, elles n’hésitent à se faire placer des implants mammaires, fessiers, se faire gonfler les lèvres pour ressembler aux femmes noires. Le temps d’une vidéo, elles se peignent le corps de make up pour paraitre métisse ou encore afro. D’autres se font un bronzage prononcé en plus de ces subterfuges.
Les milles et unes astuces d’« africanisation » utilisées par ces instagrameuses visent tout simplement à attirer plus de vues, de likes et de followers. Ces jeunes femmes profitent également de l’absence d’influenceuses noires célèbres qui s’intéressent au monde du maquillage. Des milliers d’afro-américaines et d’africaines s’identifient très vite à elles, le piège du blackfishing.
Le pot aux roses est découvert en 2018, quand Wana Thompson, une écrivaine afro-américaine dénonce ce phénomène sur Twitter. « Elles portent des traits des femmes noires comme un costume, avec de nombreux produits de remplissage pour les lèvres, des bronzages foncés et des tentatives de manipulation de la texture de leurs cheveux. » Explique-t-elle. Elle mentionne des noms de quelques-unes de ces adeptes du blackfishing. La plus célèbre est Emma Hallberg, un suédoise qui n’a aucun ascendant noir ou métisse. Elle enregistre plus de 200 000 followers.
Emma Hallberg après avoir été découverte montre son astuce dans un tutoriel, Instagram, 2018
Une nuée de réactions de femmes noires condamnent cette usurpation pigmentaire. « Elles voient les caractéristiques que les femmes noires ont la chance d’avoir, et font littéralement n’importe quoi pour l’obtenir. Cette forme de « blackface » est encore plus offensante parce qu’elles n’essaient même pas de le cacher » s’indigne l’une d’elles.
« Je suppose que certaines personnes ou influenceuses qui sont blanches ont l’impression qu’elles ne sont plus la norme. Maintenant, ils essaient de faire de nouvelles choses pour garder leur popularité. » observe une autre internaute noire. Les caractéristiques de la beauté africaine sont donc de plus en plus recherchées par les femmes blanches.
Le Blackfishing est considéré de premier abord par les femmes noires comme un manque de respect envers le combat qu’elles mènent pour être accepté dans les sociétés occidentales. Une ouverture dans laquelle elles s’engouffrent pour réclamer le respect de ces caractéristiques morphologiques et pigmentaires qui font leur beauté. Une situation qui permet également de booster la confiance en soi de certaines africaines qui sont obnubilés par la peau blanche.