Interdiction de l’importation de véhicules au Kenya

Le gouvernement kenyan annonce la fin des importations des voitures d’occasion de plus de 3 ans afin de stimuler le secteur automobile local.

vente de voiture au kenya

 Des voitures d’occasion se vendent en masse à Nairobi, Impact, janvier 2019

Les voitures importées représentent plus de 85% des achats de véhicules en circulation au Kenya. Pour inverser cette courbe, le gouvernement a décrété en janvier 2019 l’interdiction des importations des voitures d’occasion de plus de 3 ans d’ici 2021. Cette mesure vise aussi à promouvoir le secteur automobile et à encourager l’industrie locale. Grâce à cette mesure, les autorités espèrent aussi réduire et remplacer progressivement la part des véhicules et pièces détachées d’occasion au Kenya, au profit de nouveaux produits fabriqués ou assemblés au Kenya.

Quelques mois plus tard, en juin, les autorités locales ont informé tous les acteurs de l’automobile qu’à compter du 1er juillet 2019, 17 produits d’occasion ne seront plus autorisés à entrer sur le territoire. La mesure concerne surtout des éléments de sécurité. Telle est la décision notifiée par le « Kebs », un organe étatique chargé entre autres des standards de qualité pour toutes les marchandises qui entrent au Kenya.

 

La nouvelle stratégie devrait également être accompagnée de plusieurs mesures d’allègement fiscal, afin d’encourager les investisseurs locaux. Sur le terrain il existe déjà quelques initiatives qui devraient en être ravies. Le gouvernement va également mettre un accent sur la promotion des véhicules locaux pour inciter les populations à les préférer par rapport à ceux importés. Ces automobiles sont très présentes dans le parc national qui augmente d’environ 12% par an.

Avant le Kenya, plusieurs pays africains ont pris des mesures contre l’importation de voitures déjà amorties :

  • L’Algérie avec les voitures de plus 3 ans
  • Le Gabon avec celles de plus de 4 ans
  • Le Sénégal avec les plus de 8 ans
  • Le Nigéria avec les plus de 10 ans.

Ces voitures qui proviennent de l’Europe et des Etats-Unis sont pour la plupart sous le coup des lois environnementales en vigueur chez eux. Les voitures au diesel qui sont les plus concernées sont la cause de plus 780 000 morts par an en Afrique. En 2015, les décès dus à la pollution atmosphérique était supérieur à 58 000 au Kenya.

Le principal problème avec les voitures diesel déversées en Afrique est leur émission d’oxydes d’azote. Il a été démontré que ces émissions contiennent des centaines particules nocives, dont beaucoup peuvent pénétrer dans les poumons et contribuer à une gamme de maladies respiratoires et cardiovasculaires et même à la mort prématurée.

Germany Diesel BanDes manifestants de Greenpeace contre le diesel, Le Monde, février 2018

Le sujet à fait l’objet d’un scandale en Europe il y’a environ 4 ans appelé le « Dieselgate ». Le concessionnaire Wolkswagen a été poursuivi pour avoir truqué les résultats de l’impact environnemental de certains modèles de la marque. Ceci a attiré l’attention sur la dangerosité des voitures au diesel.

L’Afrique est donc devenu le dépotoir de ces voitures dont l’occident ne veut plus. Maria Neira, de l’Organisation Mondiale de la Santé, craignait déjà cet état des choses et déclare : « Ce qui nous inquiète aujourd’hui avec cette flotte de vieux véhicules diesel, c’est où ils vont finir. Et j’ai une petite idée : le marché africain va être inondé ».

Le Programme de Nations Unies pour l’environnement est aussi dans une démarche pour inciter les pays africains à plafonner l’âge de leurs parcs automobiles à 5 ans d’ici 2021. L’organisme décrit la présence de modèles de voitures en circulation en Afrique mais qui ne sont même plus produits par les concessionnaires en Europe.

 

Si l’objectif d’une telle mesure est de limiter l’impact sur l’environnement et de réduire l’âge moyen du parc automobile, il doit être rigoureusement suivi par les autorités kenyanes. Le circuit d’importation automobile très rusé peut utiliser plusieurs subterfuges pour contourner les lois car les contrebandiers falsifient parfois les pièces des voitures importées. Chaque année on compte 4 à 5 millions de véhicules d’occasion importés par les pays africains, un chiffre qui ne peut être réduit que par une synergie continentale pour lutter contre l’invasion de ces voitures parfois interdites dans leurs pays d’origines.

 

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