« Mvet Oyeng », la fête qui rassemble les peuples africains

Le peuple Ekang de l’Afrique centrale se retrouvent durant 20 jours dans la ville d’Ambam, au Cameroun, pour magnifier son héritage culturel commun.

Mvet Oyeng, des danseurs traditionnels, Ongola images,Mvet Oyeng, des danseurs traditionnels, Ongola images, juillet 2019

Les frontières imposées par les usages de la colonisation n’ont pas empêché les ethnies Ekang de la sous-région CEMAC de célébrer cette fraternité qui les unit depuis des siècles. Ils sont venus du Cameroun, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, et du Congo avec pour point d’ancrage la localité d’Ambam, dans la région du Sud-Cameroun.

Le maire de la commune d’Ambam et promoteur du festival, Hyacinthe Mba Mbo, veut faire de cette ville, frontalière au Gabon et à la Guinée Equatoriale, le creuset de l’intégration sous-régionale à travers la culture. Il voit sa ville comme un « pôle d’intégration dans la sous-région CEMAC pour promouvoir la libre circulation des personnes et des biens » tant chère aux 6 pays de l’Afrique centrale. Ces derniers ont engagé en 2017 le processus pour la suppression de visas entre les ressortissants des différents pays.

Du  8 juillet au 20 du même mois, les différentes ethnies des Ekang que sont les Fang, les Bulu, les Ntoumou, les Okak, les Vaéyis, les Béti, les Mbéné vont réfléchir sur le thème : « Contribution des peuples Ekang au développement économique, social et culturel de l’Afrique centrale ». Plus de 2 millions de visiteurs sont attendus durant ces manifestations selon le maire d’Ambam.

Diverses activités culturelles importantes dans l’histoire de ce peuple étaient au programme. Les conteurs de Mvet sont ceux qui cristallisent le plus l’attention. Cet instrument de musique représentatif des Ekang a d’ailleurs donné son nom au festival : « Mvet Oyeng ».

un conteur de Mvet, Les scoops d'Afrique, mars 2019

Un conteur de Mvet à l’œuvre, Les scoops d’Afrique, mars 2019

Ici est mis en avant son volet communicationnel et éducatif pour la communauté. Il se raconte chez les Ekang que l’art de conter avec le Mvet ne s’acquiert pas. Il est un don de l’être supérieur qui le donne aux initiés, qui apprennent l’art du chant conté à travers un voyage céleste. La marraine du festival, Sally Nyollo est aussi choisie à dessein. L’artiste camerounaise s’est forgé une renommée sur les scènes internationales avec son compagnon fidèle, le Mvet.

D’autres animations folkloriques tels des concerts de musiques plus modernes sont aussi au menu. Pour adouber la beauté de la femme Ekang, un concours de miss est organisé. Quarante candidates venues des 4 pays devront faire preuve de maitrise des us et coutumes légués par leurs alleux pour remporter l’ultime couronne.

Les 2 000 exposants sur le site vantent chacun l’originalité de leurs œuvres d’art. Ils sont d’autant plus galvanisés que les 3 meilleurs exposants seront récompensés à la cérémonie de clôture du festival. Une occasion pour chacun d’eux d’accroitre sa visibilité au niveau sous-régional.

Le peuple Ekang venu de l’Egypte entre le 12e et le 14e siècle se retrouve aujourd’hui en grande partie en Afrique centrale. Une migration qui les a emmené à prendre des racines dans plusieurs pays de la zone. Pour pérenniser ce lien historique, le festival « Mvet Oyeng » met autour de la table ces enfants d’une même mère pour regarder dans la même direction. Une initiative qui reçoit l’accompagnement de l’Etat camerounais qui l’inscrit dans les activités en vue de renforcer l’intégration sous-régionale. Le festival, après l’édition 2019, se projette à long pour rallier à la cause les autres Ekang de l’Afrique qui sont en Angola et à Sao Tomé et Principe.

L’on dit que la culture est ce qui nous reste lorsque nous avons tout perdu mais le festival « Mvet Oyeng » montre que cette culture est aussi ce qui nous permet de nous retrouver quand nous nous sommes perdus de vue.

 

 

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