Kiro’o Games, le Marvel africain ?

La jeune start-up camerounaise spécialisée dans les jeux vidéo a déjà levé des milliers de dollars et continue la prospection pour accomplir son rêve de produire des jeux africains qui auront un succès hollywoodien.

Aurion le jeu
 L’interface d’Aurion, kiro’o Games, 2018

« Nous pensons que les Américains ont offert le Comics au monde artistique, les Japonais ont offert le Mangas. Les Africains offriront donc le Kiro’o. » cette phrase résume l’ambition de Kiro’o Games. Fondé en 2013 par 3 jeunes camerounais, Olivier Madiba, il est le premier studio de jeux vidéo professionnel dans le pays. Il est rejoint par Dominique Yakan et Hugues Wouafo. Ces gamers dans l’âme y ont cru et ont tenu le pari de faire des jeux vidéo africains.

En 2016, Aurion : l’héritage des Kori-Odan, leur premier jeu les révèle au monde entier. Il se retrouve sur des plateformes internationales comme Steam et les gamers qui l’ont essayé en sont fans. Le succès dépasse les frontières africaines et les plus grands acheteurs se retrouvent en France, en Allemagne et aux EtatsUnis.

Inspiré de mythes et de traditions africaines, le jeu raconte l’histoire d’Enzo, prince d’un royaume appelé Zama. Le jour de son couronnement qui est aussi le jour de son mariage, il est victime d’un coup d’Etat fomenté par son beau-frère. Enzo et sa femme, Erine Evou, sont contraints de s’exiler par peur d’être tué. Ils décident alors de parcourir le monde en quête de soutien. Ils devront notamment réunir l’héritage guerrier d’Enzo pour retrouver leur trône.

Le jeu d’action et de rôle intéresse particulièrement des Camerounais expatriés qui proposent leur soutien à Kiro’o Games. En 2019, la start-up boostée par cette attention procède à une levée de fonds et compte déjà 89 investisseurs pour une somme estimée à 380 000 dollars. Il a également confié être en discussion avec de gros fonds d’investissements. Des débuts prometteurs pour une opération dont les retombées sont prévues à 1 million de dollars. Ce montant sera le point de départ de l’expansion de la « Kiro’o Tales ».

« Le genre Kiro’o Tales se donne l’ambition d’aller plus loin que le jeu vidéo. Il peut et doit être une source d’inspiration pour toutes les activités en rapport au divertissement, la culture, « l’entertainment », etc… : dessins animés, bandes dessinées, films, etc. » soutient l’équipe de Kiro’o. Un nouveau genre dans le monde du jeu vidéo qui doit fédérer les Africains autours de leurs valeurs culturelles.

Une voix de l’Afrique que les jeunes Camerounais veulent aussi défendre sur les écrans de cinéma. Ils confient que leur agent est en prospection à Hollywood pour une adaptation cinématographique d’Aurion. Une étape qui pourrait consacrer leur réussite dans l’animation vidéo.

Pour les adeptes de comics, la start-up a déjà pensé à une version BD qui sera disponible bientôt. Dans les valises de Kiro’o Games se trouve également le projet d’ouvrir des succursales dans d’autres pays du continent pour réaliser son objectif de franchir la barre du million de clients avant 2025.

Des jeux vidéo pour éveiller des consciences

Le fantastique n’est pas le seul terrain de jeu de Kiro’o, plus audacieuse qu’on ne peut le croire, l’équipe s’attaque aussi aux problèmes de société. Son prochain jeu sur mobile « Le responsable » sera une parodie des gouvernements corrompus de certains pays africains. Le gamer pourra se mettre dans la peau d’un décideur et désavouer les agents publics corrompus. Une véritable thérapie pourrait-on dire quand on connait le classement des pays africains dans les sondages des organismes internationaux en matière de corruption.

quipe de Kiro'o
Des gamers dévoués à l’art africain, Droits réservés

Une équipe de jeune qui a de l’inspiration à revendre, Kiro’o Games met tous les atouts de son côté pour être une référence dans l’animation comme les plus grands studios à travers le monde comme Marvel. Une réalisation à la portée de ces jeunes qui se sont déjà fait une solide réputation chez les gamers à côté des Sudafricains qui étaient jusque-là les leaders africains dans ce domaine. Une industrie de l’animation africaine qui montre aussi que ce n’est pas forcément dans un bureau ou par un discours savant qu’on peut changer les comportements néfastes de la société.

 

 

 

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